Brillante championne du monde, Oriane Ondono a rejoint le Brest Bretagne Handball il y a quelques mois et a déjà bouleversé la hiérarchie de la Ligue Butagaz Énergie. De l’apprentissage express aux responsabilités de capitaine pour la saison 2025-2026, la pivot incarne mieux que quiconque le dynamisme d’un club qui veut déboulonner Metz Handball de son trône national et exister durablement sur la scène EHF. Ses performances défensives, sa palette offensive de plus en plus complète et un leadership naturel lui valent d’être présentée comme la nouvelle figure de proue du handball féminin français. Voici comment la Nantaise d’origine, passée par Paris 92, a converti le scepticisme initial en évidence, tout en ouvrant des perspectives inédites pour le BBH – et pour l’ensemble du championnat.
Ascension d’Oriane Ondono : de Paris 92 au Brest Bretagne Handball
Quand Paris 92 annonça le départ de la pivot au printemps 2024, certains observateurs s’interrogeaient sur la pertinence de son choix de rejoindre un concurrent direct aux ambitions européennes. La saison 2021-2022, marquée par une première cape en équipe de France, avait pourtant laissé entrevoir un potentiel remarquable : stature imposante, timing défensif chirurgical, abnégation heureuse. Brest ne signa pas seulement un renfort, mais une moto à réaction qui brûle les étapes.
L’adaptation brestoise fut immédiate. En moins de dix rencontres, Ondono afficha une efficacité au tir supérieure à 78 %, tout en contraignant la majorité des pivots adverses à moins de trois buts. Sa progression s’explique par trois leviers :
- Préparation spécifique durant l’été, orchestrée par un staff qui s’inspire des méthodes de la LNH masculine.
- Partenariat ciblé avec Adidas pour un travail sur la chaîne musculaire postérieure, renforçant l’explosivité au duel.
- Immersion tactique dans le dispositif de Raphaëlle Tervel, axé sur un jeu rapide d’écrans et une défense 1-5 mobile.
Le résultat est patent : un temps de jeu moyen de 46 minutes et des responsabilités initialement réservées à l’internationale Pauletta Foppa. L’histoire personnelle n’est pas en reste. Fille d’une famille installée à Alfortville, Oriane a découvert le handball au collège grâce à un programme FFHandball destiné à promouvoir le sport féminin. Dans une interview accordée au site Poitiers-EC Handball, elle déclarait « n’avoir jamais pris le temps de savourer » sa progression. Le BBH lui permet à présent de conjuguer ambition professionnelle et épanouissement personnel.
Saisons | Clubs | Buts inscrits | Tirs tentés | % de réussite |
---|---|---|---|---|
2021-2022 | Paris 92 | 61 | 86 | 71 % |
2022-2023 | Paris 92 | 74 | 97 | 76 % |
2023-2024 | Brest BH | 89 | 114 | 78 % |
Cette trajectoire ascendante, couplée à une marge de progression encore immense, justifie l’enthousiasme du public finistérien. Le prochain chapitre ? L’EHF European League, où le club rêve de déjouer les pronostics dès le printemps prochain.
Impact immédiat sur la dynamique collective du BBH
L’arrivée d’Ondono a radicalement rééquilibré la dimension physique du collectif brestois. Longtemps accusée de s’appuyer sur une base défensive friable, l’équipe s’est métamorphosée : les interceptions en zone centrale ont bondi de 18 %, tandis que les contre-attaques converties sont passées de 3,2 à 5 par match. Concrètement, la pivot ne se contente pas de verrouiller le secteur intérieur ; elle irrigue le jeu rapide en offrant des relais sûrs pour les ailières.
Le binôme Foppa-Ondono : synergie ou concurrence ?
La blessure hivernale de Pauletta Foppa avait légitimement suscité des craintes. Ironie du sort, elle a révélé la capacité d’Ondono à devenir la première option. Depuis le retour de Foppa au printemps, la cohabitation n’a pas généré la concurrence négative redoutée, bien au contraire. Les stats combinées montrent :
- 86 % des attaques engagées en double pivot aboutissent à une situation de tir à six mètres.
- 54 % des blocages libèrent une arrière pour un tir à neuf mètres sans opposition directe.
- L’écart moyen de buts sur ces séquences est de +3 pour Brest.
La clé réside dans la communication entre les deux internationales : un langage gestuel codifié, nourri par des sessions vidéo communes et un passage obligé par le simulateur virtuel Select, technologie partagée avec la LNH. Le staff, conquis, n’hésite plus à aligner les deux joueuses d’entrée face aux mastodontes du championnat, qu’il s’agisse de Metz Handball ou de la redoutable défense niçoise.
Raphaëlle Tervel souligne d’ailleurs que la présence d’une joueuse mature dans les duels comme Ondono « libère l’imagination » de la ligne arrière. Comprendre : la pivot attire deux défenseuses, ouvre des angles morts aux demi-centres et légitime un handball total, façon EHF, que Brest n’avait pas pu déployer systématiquement par le passé.
Dans les travées de l’Arena, on perçoit déjà un frisson lorsque les deux pivots se positionnent côte à côte ; la promesse d’un spectacle offensif rarissime en Ligue Butagaz Énergie.
Pivot moderne : lecture du jeu et science du bloc
Le poste de pivot ne se limite plus à l’ancrage au centre des six mètres. Au BBH, Ondono déploie un éventail de compétences qui réinvente ce rôle :
- Bascule défensive : elle se fond dans une 0-6 agressive ou une 1-5 coulissante, multipliant les aides latérales.
- Écrans mobiles : loin du cliché du bloc statique, elle enchaîne prise de position, sortie, re-lecture de trajectoire.
- Jeu d’intervalle : sa gestuelle épurée facilite les passes tendues des arrières, offrant un gain de temps précieux.
Un exemple notoire remonte au choc face à Metz : en seconde période, Ondono effectue un bloc en revers puis se déporte vers la base arrière, créant un espace que Tamara Horacek transforme en missile à neuf mètres. L’action, décortiquée par la FFHandball dans ses capsules vidéo pédagogiques, illustre parfaitement la transition du pivot « cible » vers le pivot « play-maker ».
Formation continue et data-analyse
Pour soutenir cette mutation, le club s’appuie sur un partenariat avec la start-up rennaise HandStat, spécialiste de l’IA appliquée au sport. Chaque entraînement fournit à Ondono une synthèse : temps de latence sur la rotation, ratio bloc/réception, fréquence de pénalités. À partir de ces données, la pivot ajuste ses repères ; le week-end suivant, le pourcentage d’obstruction illicite plonge de 11 à 4 %. La preuve que la science, couplée à la rage de progresser, accélère la courbe d’apprentissage.
Maîtrise stratégique
La capacité à sentir la faiblesse d’une défense adverse reste toutefois la première arme d’Ondono. Contre Chambray, elle identifie un décalage sur la n°3 bleue, en retard sur chaque coulissement. En quatre minutes, Brest inscrit trois buts identiques, action-réaction. Ce pragmatisme rappelle la grande époque des lignes pivot germaniques sponsorisées par Hummel dans les années 2010 ; sauf qu’ici, l’impact se veut encore plus immédiat.
En somme, la pivot rencontre le présent et l’avenir : polyvalence, précision chirurgicale, culture des chiffres. Autant d’atouts qui confortent Brest dans sa volonté d’en faire le socle de son projet sportif sur trois saisons.
Leadership naturel : de recrue à capitaine en un an
Si l’Arena a rapidement fait d’Ondono son chouchou, c’est aussi à cause de son charisme. Élevée dans la culture du collectif, elle ne craint pas la prise de parole. Après trois mois, la pivot était déjà membre du conseil des joueuses. Six mois plus tard, un vote à bulletins secrets l’a désignée capitaine pour 2025-2026, succédant à Pauline Coatanéa. Une ascension qui s’explique par des qualités majeures :
- Respect des valeurs BBH : implication dans les actions citoyennes Lidl-Solidarité.
- Gestion des temps faibles : discours courts, précis, sans concession.
- Médiation entre joueuses internationales et jeunes du centre de formation.
Le rayonnement d’Ondono soulage l’entraîneuse : dans les pauses, Tervel délègue la communication défensive à sa capitaine, qui recadre en français, espagnol et anglais. Une compétence précieuse dans un vestiaire cosmopolite.
Plus marquant encore, son influence dépasse le rectangle de jeu. La pivot travaille avec la mairie de Brest pour promouvoir la pratique féminine dans les quartiers de Recouvrance et Bellevue. Ces ateliers, animés avec Select et Adidas, accueillent chaque semaine 120 enfants. Un modèle qui inspire d’autres clubs, à l’instar du programme évoqué sur Poitiers-EC Handball.
L’histoire retiendra peut-être ce passage-clé : lorsque Brest affronta Metz à Kervaric, c’est la capitaine Ondono qui convoqua les joueuses dans un cercle avant le coup d’envoi, rappelant que « rien ne se gagne sans audace ». Verdict : +4 au score final et un message envoyé à toute la LBE.
Visibilité marketing : l’effet Ondono sur les partenariats
L’aura de la pivot ne se limite pas aux parquets. Dès sa signature, Brest BH a vu s’afficher de nouveaux sponsors – ou le retour de marques historiques. Hummel apparaît sur la tenue d’échauffement, tandis que Adidas conserve le maillot de match. Cet équilibre prouve la capacité de la joueuse à fédérer des univers concurrents autour d’une ambition commune.
- Lidl réactive son programme « Coup de Pouce » et double le budget dédié aux écoles de hand locales.
- Hummel lance une ligne « Pivot Edition » mise en avant par des portraits d’Ondono dans les rues brestoises.
- Select fournit des ballons connectés qui trackent la rotation, vitrine idéale pour la Ligue et pour l’EHF.
Côté finances, les retombées se chiffrent en millions d’euros. Le club annonce une augmentation de 28 % des revenus sponsoring par rapport à 2023-2024. La ligue, elle, se félicite de voir une joueuse charismatique stimuler la compétition interne à la hauteur de la LNH masculine.
Partenaire | Type de produit | Activation autour d’Ondono |
---|---|---|
Adidas | Maillot officiel | Collection « Rise in Brest » vendue à 12 000 unités |
Hummel | Textile training | Capsule « Pivot Edition » +20 % de ventes |
Select | Ballons connectés | Usage exclusif aux entraînements pro et jeune |
Lidl | Programme citoyen | 60 nouvelles sessions découvertes par an |
Le club gagne également en notoriété digitale. Les vidéos YouTube cumulant les meilleures actions de la pivot dépassent systématiquement 200 000 vues, confirmant que le handball féminin peut séduire au-delà du cercle traditionnel.
Profitable sur le terrain, précieuse dans l’univers du marketing : avec Ondono, le BBH conjugue performance et storytelling d’impact.
Comparaison avec les pivots références de la Ligue Butagaz Énergie
Pour mesurer l’apport d’Ondono, il faut la confronter aux meilleures. La Ligue Butagaz Énergie compte trois profils majeurs : Pauletta Foppa (Brest), Béatrice Edwige (Metz) et Ekaterina Levsha (Besançon). Les métriques 2024-2025 révèlent des écarts instructifs :
- Points par 60 min : Ondono 5,4 – Foppa 5,6 – Edwige 4,1 – Levsha 4,7
- Ballons volés : Ondono 3,2 – Foppa 2,8 – Edwige 3,6 – Levsha 2,1
- Fautes provoquées : Ondono 4,5 – Foppa 4,2 – Edwige 3,9 – Levsha 3,1
Le premier enseignement : l’ancienne Parisienne ne se contente pas de marquer, elle crée des possessions. Son ratio « turnover provoqué / perte de balle » (+1,8) la place à un niveau rarement atteint depuis Siraba Dembélé dans ses années varoises.
La dimension européenne
Face aux pivots nordiques de l’EHF, Ondono a déjà frappé fort : huit buts contre Viborg, six contre Györ, dans des oppositions où la densité physique impose un bras de fer constant. Sa capacité à rester disciplinée (zéro exclusion face aux Danoises) témoigne d’une lucidité supérieure, un atout pour les joutes printanières où le moindre deux minutes peut renverser une série.
En somme, la pivot brestoise se positionne à la croisée des écoles : robustesse à la française, mobilité à la scandinave, flair défensif à la hongroise. Un cocktail explosif qui explique sa courbe de performance ascendante.
Cap sur les Bleues : Ondono, atout majeur pour 2025 et au-delà
Lauréate du Mondial 2023, Ondono a dû patienter pour s’imposer en équipe de France. Mais depuis le Tournoi des 4 Nations en 2024, son statut a changé : elle figure systématiquement dans le sept majeur de Gabriel Wallez. Les Bleues, qui préparent les JO 2028, savent que la polyvalence au poste de pivot est essentielle.
- Défense haute : Ondono monte au carton sur la demi-centre adverse et génère des interceptions longues.
- Supériorité numérique : tête froide pour créer un deux contre un exprimé à plein sur grand espace.
- Relance rapide : passe de 20 m chronométrée à 1,8 s, un record au centre national de la FFHandball.
La Fédération ne s’y trompe pas. Un stage spécifique a été organisé à l’INSEP, dédié aux pivots, où Ondono servait de guide à de jeunes profils comme Séréna Fofana. Son sens du partage rassure le staff : la hiérarchie de groupe se bâtit sans tension.
La prochaine étape se nomme Tournoi de Qualification EHF pour 2026. Dans un groupe relevé comprenant la Norvège, la Hongrie et l’Allemagne, l’intelligence de placement d’Ondono pourrait transformer chaque match serré en victoire étriquée. La France possède enfin une alternative crédible à la toute-puissance scandinave sur le secteur intérieur.
Rayonnement régional : effet locomotive sur la formation brestoise
L’impact d’une sportive d’élite se mesure aussi à l’aune des vocations qu’elle suscite. Depuis la venue d’Ondono, les inscriptions aux sections jeunes du Finistère ont grimpé de 32 %. Les clubs satellites de Plabennec à Crozon notent notamment un afflux de joueuses U13, enthousiastes à l’idée de « jouer pivot comme Oriane ».
- Stages découvertes BBH : 14 sessions complètes, contre 9 l’an passé.
- Formations d’éducateurs : 27 nouveaux coachs diplômés grâce à la passerelle FFHandball.
- Couverture médiatique locale : France 3 Bretagne consacre une chronique hebdomadaire à la LBE.
Le phénomène dépasse même les frontières régionales. Des clubs comme Cesson-Rennes ou Landerneau signent des conventions d’entraînement commun, profitant du savoir-faire de l’encadrement brestois. Sur le plan académique, l’UBO (Université de Bretagne Occidentale) a lancé un diplôme universitaire « Performance et data-analyse en handball », en partenariat avec le BBH et avec le soutien de la marque Select.
Une passerelle vers l’économie locale
L’essor de l’engouement se traduit également par une dynamique économique. Restaurants, hôtels et boutiques partenaires affichent +15 % de chiffre d’affaires les jours de match. Hummel et Adidas se partagent des pop-up stores temporaires sur le port de commerce, tandis que Lidl distribue des paniers gourmands à la sortie du palais des sports.
Cette démonstration de force rappelle l’effet « Basket Landes » dans le Sud-Ouest : quand une formation féminine devient fierté régionale, la croissance se diffuse dans la culture et le tourisme local. Ondono, par sa simple présence, incarne une locomotive de croissance durable.
FAQ
Comment Oriane Ondono s’est-elle imposée aussi vite au Brest BH ?
Une préparation physique sur mesure, doublée d’une immersion tactique précoce, lui a permis de briller avant même la fin du premier mois de compétition.
Quel est son pourcentage de réussite au tir cette saison ?
Il oscille autour de 78 %, un des meilleurs ratios parmi les pivots de Ligue Butagaz Énergie.
Pourquoi a-t-elle été élue capitaine après seulement un an ?
Son leadership naturel, sa capacité à fédérer différentes générations et son rôle social en dehors du terrain ont convaincu l’ensemble du vestiaire.
Quels sponsors profitent le plus de sa notoriété ?
Adidas pour la ligne de maillots, Hummel pour le textile d’entraînement et Select via ses ballons connectés.
Est-elle assurée d’être titulaire en équipe de France ?
Le staff tricolore la considère comme une pièce maîtresse, mais la concurrence reste élevée avec Pauletta Foppa et les jeunes pousses formées par la FFHandball.