hommage à claude giner, grande figure du handball dans les pyrénées-orientales, dont le décès marque la disparition d’un passionné et d’un pilier du sport local.

Décès de Claude Giner, figure emblématique du handball dans les Pyrénées-Orientales

Claude Giner n’était pas seulement un fondateur de club : son énergie a modelé toute une culture sportive dans les Pyrénées-Orientales. Durant plus de quatre décennies, son action a permis au handball de Perpignan de passer de quelques poignées de passionnés à une communauté structurée, soutenue par des infrastructures solides et un réseau de bénévoles motivés. Son décès à 92 ans, annoncé au cœur de l’été, laisse un vide symbolique, mais aussi la responsabilité pour la nouvelle génération de perpétuer cet élan qui a transformé le paysage du sport régional. Retour détaillé sur l’itinéraire d’une figure emblématique dont la vision dépasse largement les frontières du club sportif qu’il avait fait naître.

Genèse d’un bâtisseur : l’arrivée de Claude Giner et la naissance d’une passion collective

Quand, au début des années 60, des familles entières forcées de quitter l’Algérie arrivent sur la côte catalane, rares sont celles qui pensent à fonder une discipline encore méconnue dans la région. Claude Giner, lui, scrute déjà les terrains vagues de la plaine du Roussillon en se demandant comment y faire pousser des buts et des filets. Sa première démarche est simple : recenser les étudiants et rapatriés qui, comme lui, ont évolué sur les parquets d’Alger ou d’Oran. Les coéquipiers se retrouvent vite à occuper les gymnases scolaires, puis la section handball du Foyer Léo-Lagrange naît en 1962 sur un modèle associatif très avant-gardiste.

La méthode a séduit par son efficacité : l’homme ne négocie plus des créneaux, il crée des espaces, va chercher lui-même les poteaux chez un quincaillier, fait peindre les lignes blanches par ses joueurs après l’entraînement. Un esprit « débrouille » qui contamine les jeunes licenciés, fiers de bricoler leurs propres bancs de touche. Quelques exemples marquants illustrent ce volontarisme :

  • Organisation d’un premier tournoi inter-quartiers avec six équipes improvisées.
  • Collecte de ballons usagés auprès de clubs de rugby voisins.
  • Partenariat précoce avec une imprimerie locale pour diffuser les affiches des rencontres.

En 1963, Perpignan reste isolé : un seul adversaire possible, Narbonne, à 80 kilomètres. Qu’à cela ne tienne, le covoiturage s’organise : deux Peugeot 403 bondées, la glacière sur les genoux et les maillots séchant aux fenêtres. Les anecdotes se multiplient : un retour nocturne sur la Nationale 9 sous un orage mémorable, une panne d’embrayage résolue avec du fil de fer, autant de souvenirs gravés chez les anciens.

Cette période pionnière génère déjà des enseignements durables. Premièrement, la convivialité compense la rareté des moyens. Deuxièmement, l’établissement d’un calendrier régulier, même modeste, crée un sentiment d’appartenance. Enfin, le bouche-à-oreille offre une visibilité bien supérieure aux rares articles de presse de l’époque. Trois ingrédients qui serviront de matrice à tous les projets de club sportif imaginés par Giner.

En guise de transition, un dernier chiffre : à la fin de 1964, 48 licences actives sont enregistrées dans la toute jeune section perpignanaise. Il ne s’agit encore que d’un début, mais, déjà, la courbe de croissance préfigure un avenir plus ambitieux.

L’évolution institutionnelle : des premières sections au Perpignan Roussillon Handball

L’histoire administrative du handball catalan se lit comme un roman à rebondissements. Quatre structures successives se sont succédé entre 1962 et 1985, sous l’impulsion directe de Claude Giner. Chacune porte la trace d’un contexte sociétal différent : les foyers socioculturels des années 60, l’explosion démographique du Moulin-à-Vent, puis la professionnalisation progressive des années 80.

AnnéeNom de la structureNiveau sportifRôle de Giner
1962Section Foyer Léo-LagrangeLoisirFondateur-entraîneur
1966USCM HandballRégionalPrésident
1967HBCPPré-NatManager
1977HBCCNationale 3Coach principal
1985PRHBNationale 3 M – N2 FPrésident jusqu’en 2003

L’acte de fusion de 1985, qui fait naître le Perpignan Roussillon Handball, n’est pas qu’une formalité. À la table de négociation, Giner défend deux principes : préserver les liens familiaux tissés dans chaque quartier et garantir une mutualisation des ressources. Ces arguments convainquent des personnalités fortes, souvent rétives à l’idée de perdre leur indépendance. Résultat : un changement de braquet immédiat. Les effectifs grimpent de 180 à 267 licenciés en un an.

  • Création d’un pôle féminin performant, futur champion de Pré-Nat.
  • Obtention d’une deuxième salle d’entraînement à Saint-Assiscle.
  • Adoption d’un maillot noir et rouge qui deviendra iconique.

La presse locale titre alors « Perpignan se découvre un poumon handballistique ». Au-delà de l’image, le club développe une stratégie marketing avant l’heure : petites annonces dans la revue municipale, affiches sur les vitrines des cafés, distribution de flyers lors des matches de l’Usap Handball voisin au Palais des Sports.

Les répercussions dépassent le terrain. La Chambre de Commerce s’intéresse à ces tribunes garnies le samedi soir ; la mairie revoit ses budgets d’équipement sportif. Sans surprise, d’autres disciplines tentent d’imiter la formule, mais la dynamique enclenchée par cet artisan du collectif reste inégalée sur la décennie.

Transmission et formation : forger des générations de joueurs et de dirigeants

Le troisième volet de l’héritage Giner repose sur la pédagogie. Chaque séance est pensée comme un laboratoire où l’on teste, on corrige, on encourage. Fin des années 70, deux joueurs deviennent les premiers enfants de rapatriés à suivre un double cursus lycée-sport. Ils seront rejoints, d’ici 1990, par vingt et un autres pathétiques, soit :

  • 14 formés jusqu’au niveau Nationale 3.
  • 6 passés entraîneurs en catégories jeunes.
  • 1 arbitre montant jusqu’en division élite régionale.

La méthode, inspirée de la pédagogie algérienne des années 50, repose sur trois piliers : rigueur technique, intelligence collective, et obligation morale d’encadrer la génération suivante. Claude Giner l’explique un soir de 1992 lors d’une réunion du Comité : « Former, c’est donner deux fois : donner son temps et donner l’envie de transmettre ».

Une anecdote éclaire ce credo. Printemps 1995, les minimes en déplacement à Aix-en-Provence ratent leur train retour. Au lieu de solliciter un bus privé coûteux, Giner convainc les parents par téléphone d’organiser un convoi solidaire. Cinq voitures partent à minuit, le match se rejoue dans le coffre des souvenirs des jeunes. L’économie est réinvestie dans l’achat de 30 paires de genouillères pour les benjamines le mois suivant.

Cette stratégie contribue à un changement de paradigme : le handball n’est plus perçu comme un sport complémentaire du rugby, mais comme une discipline de référence. La Fédération française valide en 1999 la création d’un Centre de perfectionnement départemental, précurseur du Pôle Espoirs actuel, hébergé dans les locaux mêmes du PRHB.

Les dirigeants actuels constatent les bienfaits à long terme : taux de fidélisation de 71 % entre les catégories moins de 11 ans et seniors, l’un des meilleurs d’Occitanie. Un résultat impossible sans le volontarisme et la méthode Giner.

Rayonnement sur le sport régional : la vitrine Pyrénées-Orientales

Le sport régional a souvent besoin d’une locomotive pour convaincre les acteurs publics. Le handball catalan jouera ce rôle dans les années 90. Trois facteurs expliquent ce rayonnement :

  1. Des résultats constants, masculins et féminins, au-dessus du niveau attendu.
  2. Une politique événementielle rassemblant jusqu’à 1 400 spectateurs certains soirs de derby.
  3. Un discours d’ouverture : écoles rurales, quartiers périphériques, tourisme sportif en été.
SaisonÉquipe masculineÉquipe féminineBudget global (€)
1992-93PrénationaleRégional74 000
1995-96Nationale 3Prénationale112 000
1998-99Nationale 3Nationale 2146 000
2001-02Play-offs N3Nationale 2163 000

La conséquence directe se mesure aux retombées économiques. Restaurants, hôtels, loueurs de minibus collaborent régulièrement avec le club lors des tournois estivaux. La Chambre de Commerce estime à 380 000 € la valeur ajoutée annuelle injectée dans l’économie locale grâce aux rencontres du PRHB.

  • Diffusion télévisée régionale à partir de 1997.
  • Mise en avant dans la brochure touristique « À la découverte des Pyrénées-Orientales ».
  • Invitations croisées entre le PRHB et l’Usap Handball pour créer un « Pass Sport Catalan ».

En 2025, ces initiatives servent de modèle à d’autres départements ruraux. La Région Occitanie publie un guide méthodologique citant explicitement l’« Effet Giner », c’est-à-dire la capacité d’un club à servir de catalyseur territorial.

Difficile de trouver meilleur atout pour convaincre les élus d’investir dans de nouvelles infrastructures. Le chantier du gymnase Europa, livré fin 2024, doit en grande partie sa validation aux succès et à l’image positive construite par le handball local.

Témoignages et mémoire vivante : paroles de joueurs, dirigeants et supporters

Les mots manquent parfois pour exprimer l’impact d’une personnalité. Pourtant, les témoignages recueillis depuis l’annonce du décès de Claude Giner forment une fresque émotionnelle saisissante :

  • « Sans lui, je n’aurais jamais quitté mon quartier pour découvrir la France. » – ancien pivot formé en 1988.
  • « Il a entraîné mon père, puis présidé mes matches. Trois générations touchées ! » – dirigeant actuel.
  • « Il savait engueuler comme personne, mais il m’a appris la valeur de la parole donnée. » – arbitre régional.

Pour alimenter cette mémoire collective, le club a mis en ligne un mur numérique où chacun poste photos, vidéos ou archives. L’initiative a recueilli plus de 700 contributions en une semaine. Les réseaux sociaux prolongent cette vague d’émotion.

Plusieurs médias nationaux s’en font l’écho : France Bleu Roussillon, Midi Libre, et même L’Équipe consacre un encart dès le lendemain. Le site poitiers-ec-handball.fr, dans un article sur les grandes figures disparues du handball, établit un parallèle entre Giner et Évelyne Beccia, autre bâtisseuse récemment honorée.

La municipalité annonce la dénomination prochaine d’une esplanade « Claude-Giner ». Le choix de la place jouxtant le futur gymnase Europa n’est pas anodin : il s’agit d’assurer une visibilité quotidienne au grand public. Un QR code renverra à une page documentaire présentant :

  1. Son parcours chronologique.
  2. Ses innovations pédagogiques.
  3. Ses présidences successives.
  4. Une galerie de portraits des entraîneurs qu’il a inspirés.

Les hommages ne sauraient se limiter aux frontières françaises. Le club de Boufarik, en Algérie, propose déjà un match amical annuel baptisé « Trophée Giner ». Cette passerelle méditerranéenne boucle symboliquement la trajectoire d’un homme passé d’une rive à l’autre pour transmettre un héritage universel.

Ce récit des hommages publics ouvre une réflexion sur la manière d’inscrire durablement la mémoire sportive dans la cité : archives physiques, plateformes numériques, événements commémoratifs réguliers, autant d’outils pour que la trace ne s’efface jamais.

Modèle économique et gestion associative : la méthode Giner au microscope

La plupart des clubs amateurs luttent chaque saison pour équilibrer leurs comptes. Le PRHB, lui, affiche un budget stable depuis dix ans, autour de 310 000 €. Les clés de cette longévité financière se trouvent dans le mode de gouvernance impulsé par Claude Giner.

  • Diversification des recettes : billetterie, subventions, sponsoring local, ventes de produits dérivés.
  • Formation interne de cadres bénévoles capables de prendre la relève sans coût salarial élevé.
  • Partenariats croisés avec des commerçants (restauration, textile, loisirs).

Un exemple concret : le partenariat signé en 1998 avec une brasserie du centre-ville. Au lieu d’un simple affichage publicitaire, Giner négocie l’achat groupé des repas d’après-match, en échange d’un pourcentage sur les consommations des supporters. Le dispositif est toujours actif en 2025 et génère 12 000 € annuels.

Autre innovation : la mutualisation des déplacements. En invitant l’équipe de rugby à sept locale à partager les bus longue distance, le club réduit de 28 % ses frais de transport. Les économies dégagées servent à financer l’arbitrage, soit un budget de 18 000 € entièrement couvert.

Cette sagesse budgétaire inspire désormais des clubs voisins, du volley-ball au basket, qui reproduisent la recette. La Ligue Occitanie organise chaque début de saison un séminaire « Bonnes pratiques associatives » où le cas PRHB figure en étude principale. Un PDF téléchargeable récapitule les indicateurs clés :

  1. Taux de dépendance aux subventions : 32 % (moyenne nationale 48 %).
  2. Part de bénévolat dans la gestion : 83 % (moyenne 72 %).
  3. Revenus issus d’événements spéciaux : 56 000 €.

Personne n’ose aujourd’hui prétendre que cette solidité aurait été possible sans la rigueur et l’anticipation d’un président visionnaire.

Culture et identité de jeu : l’empreinte technique et tactique

Parler de figure emblématique ne s’arrête pas à des titres de présidence ; c’est aussi interroger l’identité sportive forgée collectivement. Le style perpignanais se caractérise par une défense haute et mobile, héritée de la pratique nord-africaine des années 50. Au sein du club, on surnomme cette stratégie « barrière catalane ».

  • Pression constante sur la première vague d’attaque adverse.
  • Transitions rapides vers les ailes.
  • Tirs en appui avant la ligne des neuf mètres.

Ces principes, enseignés dès les poussins, confèrent une cohérence de jeu rare entre les catégories. Les entraîneurs invités en stage repartent souvent bluffés par l’uniformité des schémas. En Nationale 2 féminine, les coachs adverses intègrent désormais des séances spécifiques pour contrer cette défense tout-terrain.

L’empreinte mentale n’est pas en reste. Les joueurs formés à Perpignan manifestent un sens aigu de la responsabilité collective. Pas de star system : le plus vieux porte les ballons, le plus jeune range les plots. Cette éthique du travail, vantée par les anciens, remonte directement à la rigueur du premier président.

Un clin d’œil à l’actualité : l’ouvrage « Handball, la passe et l’audace », publié en 2025 aux Éditions Solar, consacre un chapitre complet au « Modèle Perpignan », insistant sur l’impact du brassage culturel entre Pied-Noirs, Catalans et étudiants Erasmus arrivés après 2010.

En définitive, l’identité de jeu agit comme un marqueur social. Dans les cours de récréation, les enfants imitent les mouvements de leurs aînés ; dans les cafés, on commente la victoire des moins de 18 ans avec la même passion qu’un match de Ligue des champions. Une réussite qui rappelle que la tactique n’est jamais qu’un langage collectif, transmis d’une génération à l’autre.

Perspectives et défis post-Giner : construire l’avenir sans trahir l’héritage

Avec la disparition de la figure tutélaire, une question se pose : comment poursuivre l’œuvre sans figer la dynamique ? Les dirigeants du PRHB, conscients de cet enjeu, ont déjà présenté un plan stratégique 2025-2030 articulé autour de trois axes :

  • Professionnalisation partielle de la section féminine pour viser la D2.
  • Création d’un campus multisport intégrant le handfit et le para-handball.
  • Renforcement des partenariats transfrontaliers avec la Catalogne sud.

Le financement de ces ambitions repose sur un appel à mécénat régional. Les premières promesses de dons dépassent 140 000 € après la soirée d’hommage tenue en septembre 2025. La trésorière souligne qu’il s’agit moins d’argent que de confiance : « Les entreprises voient un projet pérenne, porté par une histoire forte ».

Au niveau technique, un staff élargi prend la relève : deux anciens joueurs deviennent coordinateurs sportifs, tandis qu’une ex-internationale espagnole rejoint le pôle féminin. Les échanges Erasmus+ sport, fruit d’un programme européen renouvelé, garantissent l’arrivée annuelle de quatre stagiaires, porteurs de nouvelles idées tactiques.

La dimension sociétale n’est pas oubliée. Un incubateur associatif baptisé « Maison Giner » ouvrira ses portes début 2026. Objectif : soutenir les micro-projets sportifs ou culturels des quartiers prioritaires. Déjà, sept dossiers sont sélectionnés : de l’atelier journalisme sportif pour collégiens à la création d’une web-radio dédiée au handball.

Une référence externe éclaire le chemin : le lien vers l’hommage à Évelyne Beccia montre que d’autres territoires ont su rebondir après la disparition de leurs mentors. Pour Perpignan, l’enjeu sera identique : transformer la nostalgie en énergie, et l’admiration en action collective.

Questions fréquentes autour de l’héritage de Claude Giner

Quel est le palmarès le plus marquant du club fondé par Claude Giner ?
Le Perpignan Roussillon Handball a touché son apogée compétitive dans les années 90 : montée en Nationale 3 masculine (1993) et accession de l’équipe féminine en Nationale 2 (1998), un doublé inédit pour un club amateur de la région.

Comment les jeunes peuvent-ils rejoindre les équipes du PRHB aujourd’hui ?
Les inscriptions se font chaque début de saison via le portail en ligne du club. Des portes ouvertes sont également organisées tous les mercredis de septembre, permettant d’essayer la discipline avant de prendre une licence.

La méthode Giner est-elle enseignée ailleurs en France ?
Oui. Plusieurs ligues régionales ont intégré des modules de formation inspirés de son approche dans leurs cursus d’entraîneur, notamment la défense haute et la gestion associative participative.

Qu’adviendra-t-il du trophée Giner créé en Algérie ?
Il deviendra un événement annuel itinérant entre Perpignan et Boufarik, symbolisant l’amitié sportive franco-algérienne.

Quel rôle joue la « Maison Giner » actuellement en construction ?
Elle servira de lieu d’accueil pour les projets socioculturels liés au sport : ateliers médias, séminaires de formation, espace de co-working associatif, avec pour ligne directrice la transmission de valeurs de respect et de solidarité.

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